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Omara « Bombino » Moctar, né Goumour Almoctar, est né le 1 janvier 1980, à un camp nomade situé presque une centaine de kilomètres nord-est d’Agadez. Il fait partie de la tribu Ifoghas, qui appartient à la fédération Kel Air Tuareg. Son père est garagiste, et sa mère s’occupe de la maison, suivant la tradition des Touaregs. Bombino est élevé dans la foi musulmane, dont les valeurs principales sont l’honneur, la dignité, et la générosité.

Les Touaregs, s’appelant Kel Tamasheq, sont des guerriers, marchands et voyageurs du Sahara. Ils ont une réputation de grâce et de noblesse, et sont reconnus comme des guerriers féroces. Un peuple nomade, ils sont descendus des Berbères maghrébins, qui ont battu pendant des siècles contre le colonialisme et l’imposition rigide de la loi islamique.

Bombino passe son enfance entre le camp et Agadez, la ville la plus grande du nord de Niger (pop 90,000) qui a tenu une partie centrale dans les anciens routes commerciales du Sahara, liant le Maghreb et la Méditerranée avec l’ouest de l’Afrique. Ayant seize frères et sœurs (les demi-frères et demi-sœurs de sa mère et son père inclus), Bombino est inscrit dans une école à Agadez, mais ayant déjà une âme rebelle, il refuse d’y assister. Sa grand- mère l’accueillit pour que son père ne puisse pas lui forcer d’y aller, et comme la plupart des enfants Touaregs, il est élevé par sa grand-mère.

Plus tard, Bombino cède à son père, et il commence son éducation dans une école française- arabique, qui enseigne les deux langues également. Après trois ans, il quitta l’école à l’âge de neuf ans et il rentre chez sa grand-mère pour commencer la vie d’un enfant Touareg indépendant. La culture Touareg est matriarcale, et les vieilles femmes sont considérées comme les chefs de la communauté, représentant l’essence de la vie, le générosité et la sagesse. La grand-mère de Bombino lui transmet le code moral des Touaregs pour qu’il puisse devenir un membre respecté de la société. Les jeunes garçons Touaregs sont appelés « arawan n tchimgharen », ou « les enfants de grand-mère », une désignation considérée comme un titre d’honneur.

Une sècheresse frappe Niger et Mali en 1984, tuant la plupart de leur bétail, et forçant beaucoup d’habitants à quitter la compagne et déménager aux grandes villes, ou migrer en Algérie et Libye. Se sentant oubliées et sous-représentées par les gouvernements locales, les communautés Touaregs dans ces pays organisent une révolte pour défendre leurs droits. Avant le début du combat, les rebelles avaient déjà commencé à cultiver les idées de rébellion dans leur communauté à travers la chanson et la guitare, un instrument récemment adopté par leur culture. Les musiciens tels que Intayaden, Abreyboun de Tinariwen, Keddo, Abdallah de Niger et autres, chantent des chansons populaires qui proclament les droits et l’héritage des Touaregs. Ce style est appelé « ishoumar », dérivé du mot « chômeurs », parce que les peuples Touaregs ont perdus leur bétail dans la sècheresse et ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Plus tard, le nom « ishoumar » devient synonyme de « rebelle ».

En 1990, la première révolte des Tuaregs commence en Mali et Niger, quand les commandos Touaregs montent une attaque contre le militaire et le gouvernement. Les gouvernements montent une contre-attaque, nommant les Touaregs comme ennemies de l’état, et les exilant. Bombino fuit avec son père et sa grand-mère, s’établant en Algérie où ils avaient de la famille. Un jour, quelques membres de sa famille arrivent du front de la rébellion, apportant avec eux deux guitares qu’ils laissent avec Bambino pendant quelques mois. Bombino les utilise pour s’apprendre la guitare, piquant quelques notes pour imiter les chansons ishoumar qu’il connaissait.

En 1992 et 1993, la régime militaire en Niger est remplacée par une gouvernement démocratique. Plusieurs partis politiques sont formés, selon les divisions ethniques. Un parti Touareg est formé. La musique joue, encore une fois, un rôle important dans la communauté, cette fois en expliquant l’importance de la système démocratique en Niger. Malgré le conflit militaire qui n’est pas tout à fait fini, Bombino est sa famille reviennent à Agadez.

Pendant un voyage à Niamey, Niger pour un traitement médical, Bombino rencontre son oncle Rissa Ixa, un peindre Touareg célèbre, qui lui donne une guitare. Après son retour à Agadez, Bombino s’inscrit au parti politique Touareg où il fait la connaissance du meilleur guitariste du parti, Haja Bebe. Il commence des leçons de guitare, développant son talent jusqu’au niveau où Haja Bebe l’invite à jouer dans son groupe. C’est pendant cette période que Bombino reçoit son surnom. Comme il était le plus jeune et le plus petit du groupe, les autres musiciens l’ont appelé Bombino, comme le mot italien pour « petit enfant ».

Le 24 avril 1995, le gouvernement de Niger signe un accord avec les rebelles, et les Touaregs reviennent en Niger. En même temps, Bombino gagne un rôle comme figurant dans un film français, Imûhar, une légende, qui est filmé dans le désert près de lui. Après son travail dans le film, Bombino adopte une vie de musicien professionnel, jouant dans les rassemblements politiques, mariages et autres cérémonies.

Il s’est battu souvent avec son père, qui ne voulait pas que son fils devienne musicien. Pour éviter ce problème, Bombino décide de voyager en Algérie et Libye en 1996. En Libye, il fait la connaissance de quelques musiciens et ils deviennent amis. Ils passent leur temps ensemble en regardant des vidéos de Jimi Hendrix, Mark Knopfler de Dire Straits et autres pour améliorer leur technique. En peu de temps, Bombino devient un guitariste accompli, souvent demandé pour jouer l’accompagnement. Travaillant comme berger dans le désert près de Tripoli, Libye, Bombino passe des heurs seul à garder ses troupeaux et pratiquer sa guitare.

Eventuellement, Bombino rentre en Niger, où il joue avec plusieurs groupes. Pendant que sa légende grandisse, une équipe de tournage documentaire vient de l’Espagne pour aider Bombino à enregistrer son premier album, qui devient très populaire au radio d’Agadez. Le succès de son album rassure Bombino qu’il a bien choisi sa profession de musicien, et il commence à jouer régulièrement pour les touristes et les gens du pays.

En 2006, Bombino voyage à Californie avec le groupe Tidawt pour une tournée organisée par une association à but non lucratif. Pendant le voyage, il enregistre une version blues du désert de la chanson « Hey Negrita » des Rolling Stones, avec Keith Richards et Charlie Watts. La chanson sort en 2008 sur Stone’s World : The Rolling Stones Project Volume 2, un album réalisé par Tim Riese, le saxophoniste des Rolling Stones. La même année, Bombino sert comme guide pour Angelina Jolie pendant sa visite au désert de Niger. Pendant le voyage, Bombino joue de la musique des Touaregs et raconte des histoires de la vie nomade au Sahara.

La deuxième révolte Touareg commence en 2007, et les contremesures du gouvernement sont fortes et répandues. Beaucoup de civiles sont tuées, et des fermes et troupeaux sont détruits dans une tentative d’écraser la rébellion. Mais les tactiques féroces du gouvernement servent comme force unifiant pour la communauté Touareg, et plusieurs gens près de Bombino rejoignent la rébellion. L’armée du gouvernement tue deux musiciens du group de Bombino, alors il part en exile à Burkina Faso avec plusieurs d’autres Touaregs.

En 2009, il fait la connaissance du cinéaste Ron Wyman, qui a entendu une cassette de Bambino en voyageant près d’Agadez. Wyman a été enchanté par sa musique et il a passé un an en cherchant pour Bombino. Finalement, il l’a trouvé à Ouagadougou, Burkina Faso, où Bombino habitait en exile. Là-bas, Wyman décide de présenter Bombino dans un documentaire qu’il tournait au sujet des Touaregs. La même année, il amène Bombino à Cambridge, Massachusetts pour commencer l’enregistrement de l’album, Agadez, dans son studio personnel.

Enfin, le combat s’arrête et les Touaregs obtiennent la permission de rentrer en Niger. En janvier 2010, Wyman vient à Agadez pour finir l’album et le film. Le sultan d’Agadez les permet d’organiser un concert pour la paix à la base de la Grande Mosquée. Ceci est la première fois qu’un tel concert soit permis. Plus qu’un milliard de spectateurs viennent pour fêter la fin du conflit et pour danser aux rythmes irrésistibles de Bambino et son groupe.

Son premier album au niveau international, Agadez, est produit par Ron Wyman et est sorti en avril 2011 par Cumbancha Records. Bombino a beaucoup de succès avec cet album, alors il fait une tournée internationale en 2011 et 2012 pour promouvoir sa musique et sa cause.

Le 2 avril 2013, marque le début pour Bombino chez Nonesuch Records, avec la sortie de son album Nomad, qui est enregistré avec l’aide de Dan Auerbach (du groupe The Black Keys) dans son studio à Nashville, Easy Eye Sound. Nomad monte jusqu’au numéro 1 du hit parade de Billboard pour la musique du monde, et celui d’iTunes World. Les critiques tels que BBC World Service et Rolling Stone s’extasient sur l’album. Bombino est comparé à Jimi Hendrix, Carlos Santana, Neil Young, et Jerry Garcia pour ses concerts en publiques et pour sa virtuosité sur la guitare.

N’ayant qu’une trentaine d’années, sa vie et ses voyages ont exposé Bombino aux problèmes tracassant son peuple. Il soutient la mission d’aider la communauté Touareg à obtenir les droits égaux, à garder la paix, à maintenir leur héritage et à promouvoir l’éducation. Il encourage l’enseignement du langue Touareg, Tamasheq, la langue Haoussa, le français, et l’arabique – tous les langues qu’il parle couramment. « Nous avons battu pour nos droits, » remarque Bombino, « Mais nous avons vu que les fusils ne sont pas la solution. Nous avons besoin de changer notre système. Nos enfants doivent aller à l’école pour comprendre leur identité Touareg. »

Quatre milliards d’années vécus dans un environnement hostile, a appris aux Touaregs que la détermination de survivre avec sa dignité est plus forte qu’aucune menace externe. Bombino met ce sentiment dans sa musique, écrit son hymne, et lui donne sa propre vie. Il est connu comme emblème de la prochaine génération Touareg, une nouvelle voix du Sahara et Sahel, mélangeant les rythmes traditionnelles des Berbères avec l’énergie du rock and roll et les chansons de paix. Après, trente ans de sècheresse, rébellion, et tyrannie, Bombino demande à son audience de se souvenir de leur identité, mais aussi de réaliser leur potentiel.

Cette biographie est basée sur un entretien avec Bambino de décembre 2010, et sur des matériels préparés par Ron Wyman et Zero Gravity Films.